Héberge et densifier (Clermont au loin)

Héberger, c’est recevoir chez soi l’ami, l’étranger, le nouveau, l’ancien, l’étudiant.

En construction, l’héberge est la ligne correspondant à la limite de mitoyenneté d’un mur de sépa- ration commun à deux constructions contiguës, de hauteur inégale. Cette ligne prend toute son importance dans les villages sur butte volcanique où elle permet l’accumulation de constructions sur un même front, calées les unes contre les autres. Cette ligne d’appui est une ligne de structure entre une maison et sa voisine, mais aussi entre une entité urbaine et l’espace ouvert, posant alors la question d’une possible extension ou de la restriction, celle des isolats pavillonnaires.

Mais qu’en est-il lorsque fait défaut, dans certains quartiers, cette notion de mitoyenneté ? Là où autant d’entrebâillements pourraient accueillir des habitants cherchant à construire. Si nous consi- dérons le mariage entre l’hébergement durable et le fait d’une mitoyenneté, nous envisageons là les possibles d’une ville dense.

Parlons alors de surface d’hébergement ou d’appui, un projet de voisinage ne peut être viable qu’à partir du moment où il est économiquement sensé pour les hôtes, propriétaires de leur bien et acteurs de leur quartier. Dans ce cas un projet d’architecture est essentiel afin d’allier le compromis à la valorisation des différents biens immobiliers.

Se poser ou se reposer, sur ou contre une entité existante, favorise la mise en place progressive d’une densité cohérente, évitant alors une consommation excessive des espaces métropolitains. Envisagé ainsi, cet appui devient le ferment d’un renouvellement architectural, s’inscrivant comme une suite du courant pavillonnaire. Le projet d’architecture est indispensable au développement de cet appui constructif et permet de l’affirmer non comme un parasitisme immobilier, mais bien comme un complément visant à un équilibre urbain.

Les opérations contemporaines cherchent à reproduire la densité passée, cela passe souvent par une architecture régionaliste, ou par une autre plus actuelle reproduisant l’apparence des cités ouvrières en bandeau. Se restreindre à ce choix reviendrait à confondre la copie avec l’original. Pour finir, n’oublions pas que la densité des centres anciens à laquelle nous faisons souvent référence s’est pratiquée sans tri esthétique, sans avoir à tout recommencer, mais bien en tolérant l’appui au fil du temps.

 

 

édité sous : 

Clermont au loin

Chronique périurbaine

Textes : Pierre et Rémi Janin, Alexis Pernet et Hugo Receveur
Photographies : Christophe Guez

Ouvrage édité par Fûdo Éditions, 2011

Pilotage et commande : Parc naturel régional Livradois-Forez, Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, le Grand Clermont (2011)

 

coordination : Sabrina Gilet